Écrire, c’est créer des mondes.
Contrôler des destins.
Devenir une sorte de démiurge tout-puissant.
Enfin… en théorie.
Parce qu’en pratique, il arrive un moment fatidique où un personnage — votre création, votre bébé narratif — décide de lever le poing et de s’écrier :
« Non. Je ne ferai pas ça. »
Et là, cher(e) auteur(e), bienvenue dans le syndrome du personnage rebelle.
(Vous pensiez avoir des problèmes avec vos ados ? Attendez de voir vos protagonistes.)
Développement : La mutinerie des personnages
Étape 1 : La rébellion douce
Tout commence innocemment.
Vous avez un plan. Une fiche personnage méticuleuse. Des arcs narratifs dignes de Tolkien.
Puis votre héros censé sauver le monde s’arrête et dit :
« Finalement, je vais plutôt ouvrir une boulangerie. »
Ah.
Bon. Peut-être qu’une petite pause s’impose. Vous reprenez le plan. Vous insistez.
« Non merci. »
(Il est poli, mais ferme.)
Étape 2 : La prise d’otage
Vous persistez.
Vous forcez la main à votre personnage.
Et là… tout part en vrille.
Les dialogues deviennent artificiels.
Les scènes sonnent faux.
Votre personnage principal se met à regarder le vide comme dans une télénovela :
« Je suis prisonnier d’un auteur sans imagination. »
Félicitations. Vous venez de créer un robot. Ou pire : un personnage plat.
Étape 3 : La fuite organisée
Certains personnages ne négocient pas.
Ils fuient.
Ils boudent dans les chapitres suivants, se font discrets, refusent de coopérer.
Votre intrigue ?
Un champ de ruines.
Vos secondaires ?
En grève solidaire.
Même votre méchant devient végétarien et pacifiste. Un carnage.
Pourquoi ça arrive (spoiler : c’est votre faute)
Le syndrome du personnage rebelle n’est pas une malédiction mystique.
C’est le signe que votre scénario force le trait.
Que votre subconscient sait que quelque chose cloche… mais que vous refusez de l’admettre.
Autrement dit :
Votre personnage ne se rebelle pas. Il vous sauve du ridicule.
Cruel, mais honnête.
Que faire ? Capituler ou négocier ?
Option 1 : Forcer le personnage.
Spoiler : mauvaise idée.
Vous obtiendrez un récit aussi naturel qu’un discours de Miss Univers écrit par un chatbot.
Option 2 : Écouter.
Oui, ça fait mal à l’ego.
Mais parfois, le personnage sait mieux que vous ce qui est cohérent pour lui.
Option 3 : Négocier.
Vous êtes l’auteur. Pas la victime.
Parlez à votre personnage (oui, même si ça vous vaut des regards étranges au café du coin).
Trouvez un compromis :
« D’accord pour la boulangerie, mais tu devras quand même sauver le monde entre deux fournées. »
Exemple vécu (par tous les auteurs)
Vous vouliez écrire un polar.
Votre détective devait être sombre, mystérieux, torturé.
À la page 15, il adopte un perroquet qui ne cesse de dire « Coupable ! » pendant les interrogatoires.
C’était censé être une blague.
Le perroquet devient le personnage préféré des bêta-lecteurs.
Il vole la vedette.
Il a maintenant un arc narratif et son propre compte Instagram.
La vie d’auteur(e), c’est accepter que parfois… les personnages font ce qu’ils veulent. Et que c’est souvent mieux ainsi.
Conclusion lucide
Si vos personnages vous désobéissent, ce n’est pas un échec.
C’est le signe que votre histoire a pris vie.
Et qu’au fond, vous êtes devenu(e)… co-auteur de vos propres créations.
Ce n’est pas de la schizophrénie.
C’est de la littérature.
(Enfin, c’est ce qu’on dit pour ne pas finir interné.)
Et si ce n’est pas votre personnage qui vous résiste, c’est sûrement votre inspiration. Prouvez-lui que vous avez le dernier mot :
➜ Écrire la nuit : quand l’inspiration rime avec insomnie
➜ Les muses sont en télétravail (et elles abusent des RTT)
➜ Quand l’inspiration te snobe : dialogue avec une page blanche