Livre.
Cinq lettres.
Un objet qui fait croire qu’on va devenir intelligent rien qu’en le posant sur la table de chevet.
Le syndrome de la librairie
Tu entres “juste pour regarder”.
Erreur fatale.
Deux heures plus tard, tu ressors avec trois romans, un essai et un recueil de poésie.
Parce que tu veux “soutenir les libraires”. Parce que tu veux “te cultiver”. Parce que, soyons honnêtes, la couverture était jolie.
Et là, la pile commence.
Petit tas discret au début.
Montagne menaçante au fil des mois.
L’illusion de la possession
Acheter un livre, c’est déjà un peu le lire.
Enfin, c’est ce que tu te racontes.
Tu poses l’ouvrage sur ton bureau et, d’un coup, tu as l’air plus profond.
Comme si La Recherche pouvait t’infuser par simple contact visuel.
La bibliothèque de Schrödinger
Chaque livre non lu est à la fois une promesse et une culpabilité.
Tu passes devant, tu le regardes, lui te regarde.
Il attend son heure.
Mais il sait, au fond, qu’il finira peut-être… jamais ouvert.
Et pourtant tu continues à en rajouter.
Comme si le simple fait d’accumuler des pages te rapprochait de la sagesse.
Résultat : tu collectionnes plus de remords que de lectures.
Les excuses officielles
- “Je le lirai pendant les vacances.” (Tu regardes Netflix.)
- “Je garde ça pour ma retraite.” (Tu n’auras plus de vue.)
- “Je ne suis pas encore prêt pour ce texte.” (Traduction : je ne l’ouvrirai jamais.)
Conclusion lucide
La pile de livres qu’on n’ouvre pas, ce n’est pas un échec.
C’est un miroir.
Elle dit ce qu’on voudrait lire, qui on voudrait être, et ce qu’on n’aura jamais le temps de devenir.
Et peut-être que c’est ça, au fond, le rôle des livres :
nous rappeler qu’on reste éternellement en retard…
même sur soi-même.