Autrefois, écrire semblait romantique.
Un écrivain, un carnet jauni, une plume, un rayon de soleil filtrant à travers les rideaux.
Aujourd’hui ?
C’est toi, un traitement de texte, 46 onglets ouverts, un café froid et une page blanche qui te regarde de travers.
La page blanche : cette diva qui fait sa star
Tu t’installes.
Le carnet est ouvert.
Le café fume.
Ton cerveau ? Vide. Aussi désert qu’un rayon moutarde en pleine crise logistique.
Tu relis la dernière phrase écrite hier soir :
« Elle entra dans la pièce, déterminée. »
Bravo, Balzac.
Même un chatbot stagiaire refuserait de pondre ça.
Tu soupires.
Tu changes de stylo.
Tu ouvres un nouveau document.
La page reste aussi muette qu’un ministre face à une question sur les impôts.
Les fausses solutions (que tout le monde tente)
– Rafraîchir Twitter. Parce que le dernier mème de chat va soudain débloquer ton intrigue.
– Ranger ton bureau. Parce qu’apparemment, le désordre empêche les idées (et pas le manque de motivation).
– Lancer une playlist « motivation écriture ». Spoiler : au bout de trois chansons, tu passes à la playlist « déprime douce ».
– Nettoyer les joints de la salle de bain. Quand on en arrive là, on a officiellement touché le fond créatif.
Petit mensonge collectif : « Attends l’inspiration »
On t’a dit :
« Laisse venir l’inspiration. »
« Sois patient(e), elle surgira. »
FAUX.
L’inspiration est une fonctionnaire en grève reconductible.
Si tu l’attends, prépare-toi à la retraite avant ton premier chapitre.
Elle arrive quand tu écris. Même mal. Même sans envie. Même si chaque mot te semble aussi bancal qu’une chaise Ikea montée sans notice.
Trois phrases bancales.
Deux idées qui ressemblent à des tweets mal fichus.
Une métaphore douteuse sur un chat et une révolution sociale.
Mais au moins : tu écris.
La muse est une flemmarde : oblige-la à bosser
Il faut le dire une bonne fois pour toutes :
La muse est une procrastinatrice professionnelle.
Elle préfère Netflix, TikTok et les promotions sur le chocolat à ton clavier.
Si tu veux qu’elle vienne bosser, tu dois commencer sans elle.
Fais semblant de ne pas l’attendre. Elle déteste qu’on l’ignore.
Commence à écrire. Peu importe quoi.
Une liste de courses peut suffire.
(Ton cerveau comprendra le message : « On bosse aujourd’hui, pas demain. »)
Le syndrome de la comparaison : l’autre saboteur
Ajoute à ça le venin moderne : la comparaison.
Tu lis sur Facebook :
« J’ai écrit 12 chapitres ce week-end. »
Pendant que toi, tu as réussi à…
mettre un titre.
Et encore, tu n’en es pas fier(e).
Rappelle-toi :
Les autres affichent leurs victoires. Jamais leurs 36 pages de brouillons ratés ni leurs crises existentielles à 3h du matin.
Conclusion : écrire, c’est râler (et persister)
Écrire, ce n’est pas être inspiré.
C’est insister.
Gratter. Râler. Recommencer.
Boire un café tiède.
Recommencer.
Changer deux mots.
Tout effacer.
Recommencer.
La page blanche ?
Ce n’est pas ton ennemie.
C’est ton miroir.
Un miroir qui renvoie cette vérité simple :
les écrivains ne sont pas inspirés. Ils sont obstinés.
(Et parfois, un peu masochistes.)